L’exposition d’œuvres de Yorgos Papageorgiou à la Galerie Duchoze à Rouen sera prolongée jusqu’au 28 juin 2020.
Yorgos PAPAGEORGIOU,
Peintre né à Athènes en 1953
“Le peintre Maurice Denis aimait à rappeler qu’ “un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”. Le travail de Yorgos confirme cette définition et l’on pourrait insister en disant que l’essence même de la peinture avant de représenter quoi que ce soit, nous donne à voir des lignes, des couleurs et du papier. Bien sûr, pas n’importe quelles lignes, couleurs et papiers. Et c’est en cela que réside l’art. Tout doit concourir à capter notre regard, susciter une émotion.
Je ne sais pas si Yorgos travaille vite ou lentement, avec application ou sur un mode un peu sauvage? Sans doute les deux, son œuvre lui ressemble. Il y a une fougue passionnée dans ces bandes de rouge mal découpées, dans ces papiers froissés, il y a une liberté d’écriture qui ne se soucie ni du beau, ni du vrai. Et puis en même temps, il y a une recherche de la composition qui fait penser à la composition musicale. Une telle précision dans les placements de bandes de papiers rouges, bleues, noires, une telle évidence dans l’apparition d’un signe, d’une photo, d’un visage, ne peuvent qu’être d’une intention sensible.
Yorgos joue avec le hasard certes, mais c’est lui qui gagne à ce jeu risqué. Le hasard prend vite la forme de la nécessité et une fois qu’on a vu ces dispositions de lignes ou ces collages, on a la sensation qu’il fallait qu’il en soit ainsi. Le quadrillage qui s’opère sur le papier pourrait nous rappeler les toiles minimalistes de Mondrian, mais les jeux de collages nous ramènent davantage à une mise en ordre d’émotions et de sensations subtiles qu’à un effort d’abstraction.
Yorgos aime la réalité. La lumière est sa respiration. Parfois un visage surgit et nous regarde. Un visage qui vient de loin, de photos usées, délaissées, que Yorgos trouve en Chine où il vit. Trésors du passé, qu’il fait remonter des décombres de vies tourmentées, d’histoires déchirées. Un visage nous regarde et la toile tout à coup s’apparente à un portrait. Les toiles lumineuses laissent alors place à la nostalgie et l’on change subtilement de registre, de format aussi.
Les petites toiles se donnent comme des fragments d’instants que l’on garde précieusement en soi comme on conserve un caillou ou un coquillage, qui porterait encore la chaleur du soleil d’une île lointaine où le peintre garderait son secret”.
Christine Cayol
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Mar08