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L’exposition d’œuvres d’Yvan Theys à la Galerie Duchoze à Rouen est prolongée jusqu’au 28 juin 2020.
Yvan THEYS
Peintre et sculpteur belge (1936 – 2005)
“Yvan Theys a développé une peinture figurative expressionniste dans laquelle il insérait éléments abstraits et signes géométriques, d’une manière qui lui est propre. Son œuvre, proche de la nouvelle figuration, n’entre dans aucun courant précis. Nous pouvons néanmoins trouver de nombreuses références dans son travail comme celle du mouvement CoBrA dont il était proche, ainsi que des éléments se référant au Bauhaus ou aux pointillismes. Il s’inspirait de son quotidien et des images qui l’entouraient.
Yvan Theys fut proche de Reinier Lucassen, Alfons Freymuth, Roger Raveel, Eugène Leroy et Eugène Dodeigne.
Il a marqué le regard de nombreux architectes et plasticiens qui fréquentèrent son atelier de Saint Luc à Tournai: Thierry Diers, Eric Dossin, François Dumoulin, Jean-Michel Wilmotte, Marc Dutoit.
Il est rare de voir l’œuvre d’un artiste témoigner d’un tel souffle et d’une telle présence. Peintre flamand il travaillait aux environs de Courtrai, lié au sol au même titre que les expressionnistes des générations précédentes.
Les qualités de sa peinture, sensualisme, puissance plastique, largeur de vue, le situent très certainement dans cette filiation. Mais la parenté s’arrête là. Theys a suivi sa voie propre et largement transcendé les influences.
Chez lui la mémoire du sol s’est nourrie de bien d’autres expériences comme ce regard sur l’histoire de l’art et sur l’histoire des hommes. Mais nous aimons chez lui cette réflexion non atrophiée par la peinture, qu’elle ait été l’occasion, au contraire, de poser une affirmation, de développer une ardeur accrue capable d’engendrer un univers à la fois allègre et méditatif, joyeux et intelligent qui s’inscrit durablement dans le cœur et l’esprit. La jubilation de la couleur, celle de la pâte et du long coup de brosse, dans un bel échange avec la toile, y engendre des figures d’hommes et de femmes qui ne sont pas là “pour le décor”, mais bien parce que Theys considère la peinture comme une quête existentielle.”
Danielle Gillemon
Mar08
L’exposition d’œuvres de Yorgos Papageorgiou à la Galerie Duchoze à Rouen sera prolongée jusqu’au 28 juin 2020.
Yorgos PAPAGEORGIOU,
Peintre né à Athènes en 1953
“Le peintre Maurice Denis aimait à rappeler qu’ “un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”. Le travail de Yorgos confirme cette définition et l’on pourrait insister en disant que l’essence même de la peinture avant de représenter quoi que ce soit, nous donne à voir des lignes, des couleurs et du papier. Bien sûr, pas n’importe quelles lignes, couleurs et papiers. Et c’est en cela que réside l’art. Tout doit concourir à capter notre regard, susciter une émotion.
Je ne sais pas si Yorgos travaille vite ou lentement, avec application ou sur un mode un peu sauvage? Sans doute les deux, son œuvre lui ressemble. Il y a une fougue passionnée dans ces bandes de rouge mal découpées, dans ces papiers froissés, il y a une liberté d’écriture qui ne se soucie ni du beau, ni du vrai. Et puis en même temps, il y a une recherche de la composition qui fait penser à la composition musicale. Une telle précision dans les placements de bandes de papiers rouges, bleues, noires, une telle évidence dans l’apparition d’un signe, d’une photo, d’un visage, ne peuvent qu’être d’une intention sensible.
Yorgos joue avec le hasard certes, mais c’est lui qui gagne à ce jeu risqué. Le hasard prend vite la forme de la nécessité et une fois qu’on a vu ces dispositions de lignes ou ces collages, on a la sensation qu’il fallait qu’il en soit ainsi. Le quadrillage qui s’opère sur le papier pourrait nous rappeler les toiles minimalistes de Mondrian, mais les jeux de collages nous ramènent davantage à une mise en ordre d’émotions et de sensations subtiles qu’à un effort d’abstraction.
Yorgos aime la réalité. La lumière est sa respiration. Parfois un visage surgit et nous regarde. Un visage qui vient de loin, de photos usées, délaissées, que Yorgos trouve en Chine où il vit. Trésors du passé, qu’il fait remonter des décombres de vies tourmentées, d’histoires déchirées. Un visage nous regarde et la toile tout à coup s’apparente à un portrait. Les toiles lumineuses laissent alors place à la nostalgie et l’on change subtilement de registre, de format aussi.
Les petites toiles se donnent comme des fragments d’instants que l’on garde précieusement en soi comme on conserve un caillou ou un coquillage, qui porterait encore la chaleur du soleil d’une île lointaine où le peintre garderait son secret”.
Christine Cayol
Mar08