Nous exposons Ysbrant à partir du 28 avril.
Installé aujourd’hui à Anvers, Ysbrant (de son vrai nom Isbrant van Wijngaarden) est l’une des grandes figures de l’expressionnisme flamand et néerlandais. Celui qui fut l’élève d’Oskar Kokoschka s’est édifié un monde où ne cessent de s’affronter Eros et Thanatos. De plus en plus libre et grinçante, sa peinture est le reflet tumultueux d’une vie ardente et passionnée. René Réthoré l’accueille en ce moment sur les cimaises de sa galerie.
On peut être déconcerté face aux œuvres d’Ysbrant, tant elles mettent en péril les brise-lames de notre confort. Nous voilà face à une peinture qui, de surcroît, ne se laisse pas apprivoiser en une seule fois. Il faut s’y attarder, s’en détourner puis y revenir. Elle nous parle de la vie sans y mettre de faux-semblant. Joyeuse, tonitruante et criante de vérité, au point de déstabiliser les certitudes et les jugements trop policés. Elle met en scène l’artiste, la femme et l’amour, confrontés à la mort et au théâtre désopilant du monde. Ceux qui connaissent Ysbrant diraient peut-être qu’elle n’a pas d’autre objet que de tenir son propre désir en éveil. Peindre pour peindre, en quelque sorte, comme si l’acte était en lui-même un horizon et une jouissance sans cesse réactivée. Exit la retenue et les postures entretenues. Le geste se donne, léger, fugace et spontané. L’art d’Ysbrant n’est pas domesticable.
Au fil des années, l’artiste, amoureux passionné d’opéra (il a réalisé de nombreux décors et adore la musique), n’a cessé de faire évoluer son langage, de plus en plus radical autant que l’on peut en juger. Comme s’il n’avait plus guère de temps à perdre en fioritures et en détails. Il nous livre une vision fréquemment ironique du monde comme ce tout petit cerf perdu dans une Forêt où plus rien ne le dissimule à l’œil du prédateur humain ou ce qui n’est rien d’autre que la fin inéluctable de la vie. Pour Ysbrant, qui a inscrit la femme, l’amitié et la beauté au cœur même de sa vie, la truculence est un moyen de se maintenir en éveil. A travers ses narrations, ses « petites histoires » personnelles pleines de savoureuses anecdotes, il exprime à nos yeux toute son humanité : Last tram, l’Hiver, Inspiration, Chambre de fille, Environs d’Anvers, autant de pages emblématiques où l’on peut se plonger à l’envie.
Né à La Haye en 1937,Ysbrant a vécu et travaillé à Venise de 1970 à 2000. En parallèle à sa peinture, il a réalisé une importante œuvre graphique (sérigraphies, gravures, lithographies) et fut, en 1958, l’élève d’Oskar Kokoschka à Salzbourg (Schule des Sehens), après être passé par la Central School of Arts and Crafts de Londres (1955-1956) et l’Institut national supérieur de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers (1957-1958). Son œuvre monumentale a été exposée dans de nombreuses grandes villes d’Europe (Venise, Bologne, La Haye, Bruxelles, Amsterdam, Londres, Rouen…). Les premiers visiteurs Rouennais disent avoir été comblés par ses travaux. Le 29 avril dernier, Ysbrant fêtait à Rouen ses quatre-vingts printemps.
Luis Porquet
Galerie Duchoze, 46, Rue d’Amiens, 76000 ROUEN. Tél. 06.15.45.20.38.Du 28 avril au 3 juin. Un grand artiste à Rouen. A ne pas manquer.
Error thrown
Class 'Attachments' not found
Avr26