Exposition des œuvres de Denis Godefroy (1949 – 1997) à la galerie du 19 octobre au 10 novembre 2018.
DENIS GODEFROY est mort en 1997. Son œuvre artistique s’étend sur 25 ans, au moment où les avant-gardes sombrent dans l’éclectisme de la postmodernité. C’est évidemment trop peu, mais durant 25 ans son art a fait écho à celui des courants les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle.
Pour dire vite, son territoire artistique est borné en amont par la Nouvelle Figuration (1972), en aval par l’Abstraction lyrique (jusqu’en 1994). Mais sa propre figuration n’a pas cessé d’être lyrique et son abstraction, dans ses fondements, figurative. Au moment où la performance et l’imagerie l’emportent sur toute autre pratique artistique, il met en œuvre, lui, une des plus belles peintures abstraites qui soient. Postduchampiens, narratifs, postexpressionnistes, conceptuels, néopops, bruts, etc., les artistes ont été dans ces années-là sommés de choisir leur camp. Par-delà cet excès de niches, Denis Godefroy a choisi de suivre une voie singulière, strictement mue par l’émotion, anticipant en cela une part importante des deux décennies à venir.
S’il fallait classer l’artiste, on s’attacherait d’ailleurs autant au rapport qu’il a entretenu avec l’art de son temps qu’à son goût de l’Histoire. Contenue par une géométrie stricte, mais aussi inspirée par les peintres abstraits américains et par Nicolas de Staël, souvent débordée par sa propre énergie (Goya, Arnulf Rainer), sa facture est expressionniste, puissante, virtuose – parfois au service de formats immenses, très impressionnants. On songe à Turner, dont il ne cessait de parler, à Joan Mitchell, qu’il vénérait, ou Gérard Garouste, qu’il admirait.
Ce qui frappe aussi, c’est son horreur du formalisme. Son inspiration aura été mue intensément par la littérature, la poésie et les musiques de toute sorte. C’est probablement ce qui fait de lui une figure importante dans l’art français des années 70-90, ce que l’exposition rétrospective du Musée des beaux-arts de Rouen en 2003 a largement montré. Plus de vingt ans après sa fin, l’œuvre apparaît profonde et ample, portée par un artiste hors du commun.
En 1992, un article du journal Le Monde qualifiait Denis Godefroy de « brute parfois tendre ». C’est bien ce que pourra apprécier le spectateur de l’exposition de ses travaux à la Galerie Duchoze, à Rouen.
Éric Vandecasteele. Oct-2018
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