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Une nouvelle année, de nouveaux projets !
Tony Soulié – Né le 9 décembre 1955 vit et travaille à Paris.
Le vernissage de cette exposition a eut lieu le 29 janvier 2022. Quel bonheur d’avoir partagé avec vous ces moments en présence de l’artiste.
Jan14
Voici un artiste qui marque les esprits. Dans ce texte paru dans Saisons de Culture Théodore Blaise nous fait part de son expérience lorsqu’il découvre notre exposition.
Anton MARTINEAU
« En ces premiers jours de l’année, à Rouen où je me promenais, j’ai découvert à la galerie Duchoze, qu’anime aujourd’hui René Réthoré, un artiste dont j’ignorais tout, Anton Martineau.
Devant ces œuvres, m’est venu ce mot que je n’utilise que rarement : hâbleur. Sans doute pour la valeur de sa sonorité et parce qu’au plus loin, ce Martineau m’évoque Frans Hals, pour la truculence de ses chairs traitées d’une touche qui impose le plaisir de peindre. Il est dans l’austère Hollande protestante, le seul qui sait poser un sourire sans qu’il ne devienne rictus.
Ce Martineau est du même acabit, et jamais ce qui chez tant d’autres serait grimace, ne l’est chez lui. Voilà un prognathe édenté, sa mâchoire est celle d’un bœuf errant, qui par son dessin, trace un arc entre le génie expressif des mousquetaires espagnols (Vélasquez, Goya, Picasso) et ses proches, les peintres du groupe Cobra.
Mais jamais chez Cobra si ce n’est chez Lucebert et Constant, la couleur n’a été si voluptueuse, symphonique même. Le regard peut vite quitter ce qui fait figure pour jouir des détails et des rythmes de ses tons inventés. Faut-il que j’insiste sur la difficulté qu’il y a chez un peintre à s’approprier de ce qui fait le cœur de son métier : l’immatériel de la couleur qu’il doit faire naître de la glue de ses pâtes colorées. Ils sont peu nombreux, ceux qui sont capables d’inventer des tons qui ne sont qu’à eux-mêmes. Martineau nous les impose en les combinant avec entrain. Ils me viennent à l’œil, je les goûte et j’en salive.
Ce sont ces tons qui me conduisent à une joie qui n’est pas que mentale et elle anime tout mon corps. Cela pourrait me conduire à négliger ce qu’il représente tant je pense que son seul but, c’est d’édifier son plaisir de peindre. Ainsi, cette table avec un crâne et un panier de fruits : « une vanité » diriez-vous ? Mais si joyeuse et sans menace, ni punition, calaverra digne du mexicain Jose Guadalupe Posada.
Ne manquez pas de fixer votre attention sur cette touche rouge si justement posée en bas à gauche. Ne vous rappelle-t-elle pas le rôle que jouait ce délicieux « petit pan de mur jaune » évoqué par Proust découvrant La vue de Delft de Vermeer ?
Il n’y a que les grands pour faire tenir, sans démonstration, tant de détails sous l’aile de l’essentiel. J’ignorais tout de cet Anton Martineau, né près d’Amsterdam en 1926 et qui s’est toujours dit autodidacte, ce qui vaut pour brevet de sincérité. Dans les années cinquante il se sera lié d’amitié avec Lucebert et c’est près de Paris qu’ils séjournent et travaillent ensemble, ce pour une part l’attache au courant Cobra. Mais il semble qu’il puisse aussi s’inscrire en marge du courant Provo, — mouvement anarcholibertaire des années 60, sorte de vague punk avant l’heure, mais rigolard et plus optimiste, prélude de mai 68, car il y a dans sa peinture tant de Provocation, par le sexe, l’humour et la jubilation….
Et de cette exposition, je suis sorti ragaillardi, comme d’avoir pris en pleine figure un vent chargé du sel d’un océan de liberté, réconforté, que la peinture ne soit pas un là-bas oublié, mais cette parole muette qui porte joie et fraternité. »
Par Théodore Blaise
Mar08
L’exposition d’œuvres d’Yvan Theys à la Galerie Duchoze à Rouen est prolongée jusqu’au 28 juin 2020.
Yvan THEYS
Peintre et sculpteur belge (1936 – 2005)
“Yvan Theys a développé une peinture figurative expressionniste dans laquelle il insérait éléments abstraits et signes géométriques, d’une manière qui lui est propre. Son œuvre, proche de la nouvelle figuration, n’entre dans aucun courant précis. Nous pouvons néanmoins trouver de nombreuses références dans son travail comme celle du mouvement CoBrA dont il était proche, ainsi que des éléments se référant au Bauhaus ou aux pointillismes. Il s’inspirait de son quotidien et des images qui l’entouraient.
Yvan Theys fut proche de Reinier Lucassen, Alfons Freymuth, Roger Raveel, Eugène Leroy et Eugène Dodeigne.
Il a marqué le regard de nombreux architectes et plasticiens qui fréquentèrent son atelier de Saint Luc à Tournai: Thierry Diers, Eric Dossin, François Dumoulin, Jean-Michel Wilmotte, Marc Dutoit.
Il est rare de voir l’œuvre d’un artiste témoigner d’un tel souffle et d’une telle présence. Peintre flamand il travaillait aux environs de Courtrai, lié au sol au même titre que les expressionnistes des générations précédentes.
Les qualités de sa peinture, sensualisme, puissance plastique, largeur de vue, le situent très certainement dans cette filiation. Mais la parenté s’arrête là. Theys a suivi sa voie propre et largement transcendé les influences.
Chez lui la mémoire du sol s’est nourrie de bien d’autres expériences comme ce regard sur l’histoire de l’art et sur l’histoire des hommes. Mais nous aimons chez lui cette réflexion non atrophiée par la peinture, qu’elle ait été l’occasion, au contraire, de poser une affirmation, de développer une ardeur accrue capable d’engendrer un univers à la fois allègre et méditatif, joyeux et intelligent qui s’inscrit durablement dans le cœur et l’esprit. La jubilation de la couleur, celle de la pâte et du long coup de brosse, dans un bel échange avec la toile, y engendre des figures d’hommes et de femmes qui ne sont pas là “pour le décor”, mais bien parce que Theys considère la peinture comme une quête existentielle.”
Danielle Gillemon
Mar08
L’exposition d’œuvres de Yorgos Papageorgiou à la Galerie Duchoze à Rouen sera prolongée jusqu’au 28 juin 2020.
Yorgos PAPAGEORGIOU,
Peintre né à Athènes en 1953
“Le peintre Maurice Denis aimait à rappeler qu’ “un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”. Le travail de Yorgos confirme cette définition et l’on pourrait insister en disant que l’essence même de la peinture avant de représenter quoi que ce soit, nous donne à voir des lignes, des couleurs et du papier. Bien sûr, pas n’importe quelles lignes, couleurs et papiers. Et c’est en cela que réside l’art. Tout doit concourir à capter notre regard, susciter une émotion.
Je ne sais pas si Yorgos travaille vite ou lentement, avec application ou sur un mode un peu sauvage? Sans doute les deux, son œuvre lui ressemble. Il y a une fougue passionnée dans ces bandes de rouge mal découpées, dans ces papiers froissés, il y a une liberté d’écriture qui ne se soucie ni du beau, ni du vrai. Et puis en même temps, il y a une recherche de la composition qui fait penser à la composition musicale. Une telle précision dans les placements de bandes de papiers rouges, bleues, noires, une telle évidence dans l’apparition d’un signe, d’une photo, d’un visage, ne peuvent qu’être d’une intention sensible.
Yorgos joue avec le hasard certes, mais c’est lui qui gagne à ce jeu risqué. Le hasard prend vite la forme de la nécessité et une fois qu’on a vu ces dispositions de lignes ou ces collages, on a la sensation qu’il fallait qu’il en soit ainsi. Le quadrillage qui s’opère sur le papier pourrait nous rappeler les toiles minimalistes de Mondrian, mais les jeux de collages nous ramènent davantage à une mise en ordre d’émotions et de sensations subtiles qu’à un effort d’abstraction.
Yorgos aime la réalité. La lumière est sa respiration. Parfois un visage surgit et nous regarde. Un visage qui vient de loin, de photos usées, délaissées, que Yorgos trouve en Chine où il vit. Trésors du passé, qu’il fait remonter des décombres de vies tourmentées, d’histoires déchirées. Un visage nous regarde et la toile tout à coup s’apparente à un portrait. Les toiles lumineuses laissent alors place à la nostalgie et l’on change subtilement de registre, de format aussi.
Les petites toiles se donnent comme des fragments d’instants que l’on garde précieusement en soi comme on conserve un caillou ou un coquillage, qui porterait encore la chaleur du soleil d’une île lointaine où le peintre garderait son secret”.
Christine Cayol
Août09
Le tragique est l’impasse politique, la destruction des populations dans la violence. Il emprunte la voie de l’art pour mettre en représentation des humains immolés, des visages ignés qu’un ordre mondial désire totalement effacer de la surface de la terre. Il peint des cris, des douleurs, seule altérité restante en vue de la rencontre.
Il y aurait intérêt à doubler l’étude psychologique de la rêverie par l’étude objective des images qui nous enchantent. (…) le feu est, parmi les facteurs d’images le plus dialectisé (…) ce que je reconnais de vivant, d’immédiatement vivant, c’est ce que je reconnais comme chaud. (…) Ma chaleur est la preuve par excellence de la richesse et de la permanence substantielles ; elle seule donne un sens immédiat à l’intensité vitale, à l’intensité d’être. Ecrit Bachelard dans la Psychanalyse du feu.
Kazem pense que l’expressionnisme est attaché à la tragédie de la Grèce antique. Le tragique est l’impasse politique, la destruction des populations dans la violence. Il emprunte la voie de l’art pour mettre en représentation des humains immolés, des visages ignés qu’un ordre mondial désire totalement effacer de la surface de la terre. Il peint des cris, des douleurs, seule altérité restante en vue de la rencontre.
Les tableaux de l’artiste peintre Kazem m’enchantent, parce qu’ils m’apportent un éclairage phénoménologique sur mon présent. Je suis substance pensante pense Descartes, Kazem n’est que feu, enfer.
« Je me brûle pour peindre. J’utilise le charbon et la craie, le marc de café, la peinture. Je suis feu, je suis enfer quand je peints ». « Je suis illuminateur, je ne suis plus que feu lorsque je peints », me dit Kazem.
Kazem brûle pour peindre des tués qu’il ressuscite sur des toiles. Ces hommes deviennent des dieux bravant leur destin comme du temps de la Grèce Antique.
Kazem est Jésus-Christ non sur une croix mais sur un bûcher. D’un geste liturgique, le peintre fait ressortir les morts avec des huiles saintes ; bleues, rouges, orange, noires, blanches, célébrant par onction des disparus. L’artiste est oint des oubliés de la guerre, qu’il sacralise sur la toile.
Il m’a confié que dans des moments de grandes solitudes quand il n’est pas dans son atelier, il pense à ses amis en Syrie, à sa famille. Sa solitude devient isolement qui s’intensifie. Peindre, retourner à son atelier pour recueillir la vie, est une nécessité pour travailler des images dévastatrices.
Il porte le flambeau de la création, il préserve la vie au coin de son établi, en créant chaque jour. Son atelier est devenu un lieu sacré. Ses rituels et sa pratique sont quasi lazaristes. Son eurythmie consiste en des fêtes de feu, en des prières de brûlés et d’assassinés. Des œuvres puissantes poussent dans un vestige igné.
Il travaille, guidé par des mouvements qui produisent une chaleur infernale. Cette gestuelle quotidienne qui redonne vie, transforme son foyer de maître en un temple quasi religieux. Et c’est sur des flammes que la récolte esthétique s’opère.
« Le feu n‘est qu’un amour à surprendre », écrit Bachelard. En propageant le feu sur la toile, Kazem met au monde des œuvres qui me surprennent. Elles sont, pour moi, illuminations, capables de montrer les cendres hurlantes de la Syrie.
Mais l’enfer est un jeu qui a commencé bien avant 2012 en Syrie où des joueurs sur l’échiquier géopolitique avaient décidé, depuis longtemps, de bannir le progrès intellectuel et artistique au Maghreb et au Moyen-Orient. L’artiste, sympathie thermique, annonce ses couleurs : « le feu mourant rougeoie, le feu récalcitrant est rouge », de jeunes feux apparaissent du haut de la province d’Idlib, aux confins de l’ancienne Alep, rougeur du froid silence, formes multiples, puissantes, blanche du Mont Liban où de vieux feux disparaissent.
Je ne suis plus que feu et enfer me dit Kazem, dans un monde où les siens sont dévastés. Le feu ravive leurs présences. Il se dégage une odeur de soufre dans la guerre toujours présente, là-bas. Kazem l’exprime dans une autre langue de feu.
« Tout ce qui se change vite, s’explique par le feu ». Ecrit Bachelard. Il peut aussi durer des décennies, au cœur de l’actualité.
« Seule la chaleur a un destin ». Kazem le sait, dans son corps où ne loge plus que des flammes. Des visages incendiés, des immolations, des transfigurations, des humains sacrifiés par le feu, noyés de drames ignés, cachés par les médias.
L’artiste porte le témoignage de grands crimes oubliés.
Mais c’est une voie immense, pleine de rencontres que Kazem nous montre, car dans son ontologie de la vie peinte, il me fait ressentir un bonheur, celui d’avoir su exprimer l’indicible sans tomber dans la folie. Kazem travaille ses flammes réelles, et sculpte, crée des visages incendiés.
« La psychiatrie moderne a élucidé la psychologie de l’incendiaire. (…)Un incendie détermine un incendiaire presque aussi fatalement qu’un incendiaire alumine un incendie. » Précise Bachelard. Kazem portent en lui les flammes provoquées par des incendiaires, et au lieu d’incendier d’autres régions du monde, il utilise ce feu pour peindre ce que les destructeurs savent si bien enfouir. La destruction n’a jamais été la création, et elle ne le sera jamais. Quand on a été destructeur de civilisation, on ne peut projeter que de la construction ou de la reconstruction ou de la déconstruction. Et ce qui est défait, peut être refait, parfait, refait à nouveau, contrefait mais jamais créé. Seules les créations sont épargnées de ces fonds mentaux de gammes de lego. Les ruses et les calculs subissent l’anathème du temps. Elles n’ont jamais produit le bonheur.
Les œuvres de Kazem sont des bûchers qui portent, en revanche, la joie du feu.
« Je modèle la colère sans retoucher ce qui coule sur mes toiles. J’aime les erreurs », sans doute parce qu’elles ordonnent le feu ardent. Ses personnages se manifestent dans les erreurs accueillies. Il les cueille, les erreurs, dans ses tableaux, avec sa colère, pour contrer les incendiaires de la destruction.
« A l’inconnu ne correspond pas l’ignorance mais l’erreur sous la plus lourde des tares subjectives », nous explique Bachelard qui nous confie l’art de tissonner le feu crépitant des douces chaumières, qui nous confie son étude de la rêverie comme une promesse de guérison réelle de l’esprit sur nos propres illusions. Ses belles confidences sont encore pleines de force quand il nous parle du feu. Il est dans la nature, dans notre corps et au dehors. Le charme de la rêverie devant un feu apaise l’âme primitive. « Je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu’à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents ».
Kazem est le feu qui brûle. Kazem est l’artiste, brisant la monotonie de l’eau en vue d’instaurer de la permanente métamorphose, un continuel renouvellement, un acte en mouvement. N’est-ce pas une étrange expérience que de brûler sans se consumer ? Son corps est incendié, et il illumine la toile de toutes ses flammes, bleues, rouges, jaunes, blanches, des plus chaudes aux plus froides avec ses huiles. Les salamandres vivent dans ses tableaux sous le signe du feu, dans un atelier sacré.
La braise et le soufre se libèrent de lui. Le feu est l’aliment de ses œuvres.
« Le problème de la connaissance personnelle est le problème de la désobéissance adroite » poursuit Bachelard, dans La psychanalyse du feu.
Kazem joue avec les interdits politiques et sociaux, en modelant son feu. Cette transcendance légitime de l’artiste donne naissance à des œuvres tragiques.
En fait, Kazem ne désobéit pas, il est prisonnier d’un feu qu’il ne peut éteindre. Adroitement, sans violence, il peint l’empreinte d’une époque qui n’a plus de mots pour exprimer ce qu’est devenue la Syrie.
Voir aussi le documentaire sur l’artiste peintre Kazem “La Huitième Couleur” par Alessandro Cartosio
10 mai 2019 – Fadela Hebbadj
Source Blog Média part https://blogs.mediapart.fr/fadela-hebbadj/blog/100519/kazem-un-artiste-peintre-syrien
Oct30
Exposition des œuvres de Denis Godefroy (1949 – 1997) à la galerie du 19 octobre au 10 novembre 2018.
DENIS GODEFROY est mort en 1997. Son œuvre artistique s’étend sur 25 ans, au moment où les avant-gardes sombrent dans l’éclectisme de la postmodernité. C’est évidemment trop peu, mais durant 25 ans son art a fait écho à celui des courants les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle.
Pour dire vite, son territoire artistique est borné en amont par la Nouvelle Figuration (1972), en aval par l’Abstraction lyrique (jusqu’en 1994). Mais sa propre figuration n’a pas cessé d’être lyrique et son abstraction, dans ses fondements, figurative. Au moment où la performance et l’imagerie l’emportent sur toute autre pratique artistique, il met en œuvre, lui, une des plus belles peintures abstraites qui soient. Postduchampiens, narratifs, postexpressionnistes, conceptuels, néopops, bruts, etc., les artistes ont été dans ces années-là sommés de choisir leur camp. Par-delà cet excès de niches, Denis Godefroy a choisi de suivre une voie singulière, strictement mue par l’émotion, anticipant en cela une part importante des deux décennies à venir.
S’il fallait classer l’artiste, on s’attacherait d’ailleurs autant au rapport qu’il a entretenu avec l’art de son temps qu’à son goût de l’Histoire. Contenue par une géométrie stricte, mais aussi inspirée par les peintres abstraits américains et par Nicolas de Staël, souvent débordée par sa propre énergie (Goya, Arnulf Rainer), sa facture est expressionniste, puissante, virtuose – parfois au service de formats immenses, très impressionnants. On songe à Turner, dont il ne cessait de parler, à Joan Mitchell, qu’il vénérait, ou Gérard Garouste, qu’il admirait.
Ce qui frappe aussi, c’est son horreur du formalisme. Son inspiration aura été mue intensément par la littérature, la poésie et les musiques de toute sorte. C’est probablement ce qui fait de lui une figure importante dans l’art français des années 70-90, ce que l’exposition rétrospective du Musée des beaux-arts de Rouen en 2003 a largement montré. Plus de vingt ans après sa fin, l’œuvre apparaît profonde et ample, portée par un artiste hors du commun.
En 1992, un article du journal Le Monde qualifiait Denis Godefroy de « brute parfois tendre ». C’est bien ce que pourra apprécier le spectateur de l’exposition de ses travaux à la Galerie Duchoze, à Rouen.
Éric Vandecasteele. Oct-2018
Août03
Nous présentons pour la première fois à la galerie ces trois artistes:
David Djordjevic est un jeune peintre franco-serbe (né en 1993). “Dès mes débuts, mes œuvres ont été le théâtre d’une bataille menée à tambour battant, alimentée par un flux constant d’émotions… Peintre abstrait dans un premier temps, mes batailles intérieures ont rapidement pris une forme plus figurative afin de donner un visage à mes tourments. Pour moi l’art est un absolu qui fait coexister harmonie, émotion, destruction et création.”
Liu Zhengyong est né en Chine, à Zhuzhou (province de Hunan) en 1980. Diplômé de la “Tianjin Art Academy” en 2004. Il est choisi pour diffuser l’art contemporain chinois dans le monde occidental et appartient désormais à cette “nouvelle vague” qui ébranle, tonifie notre marché et vient le chahuter pour notre grand bonheur.
Liu Zhengyong excelle à faire le portrait, souvent en buste, de personnages débarrassés des références qui pourraient les attacher à un contexte particulier. Son travail à l’huile traduit des sentiments profonds et lourds (…) Cette force dans la charge émotionnelle se conjugue à une superbe contemporanéité et donne au langage de Liu Zhengyong une portée universelle.
Exposé dans le monde entier en Musée, en Galerie: en Chine, en Russie (Moscou), aux USA (Sacramento), en Europe (Venise, Barcelone, Berlin, Düsseldorf, Munich, Luxembourg,…). En France, le Musée Paul Valéry (Sète) lui a consacré une très importante exposition en 2014.
Brooke Major est née à Atlanta (USA) en 1980. Arrivée à Paris en 2000 pour suivre ses études en sciences politiques, elle s’inscrit parallèlement à l’École des Beaux-Arts. Artiste convaincue, elle quitte son poste à l’Ambassade des États-Unis à Paris pour se consacrer à la peinture.
Brooke est en galerie à Maastricht (NL) et à Raleigh (Caroline du Nord, USA)
Mai28
Gail SINGER est née le 11/08/1924 à Galveston, Texas.
Diplômée de la Mirabeau B. Lamar High School de Houston, elle est, de 1946 à 1950, élève de Paul Burlin et Fred Conway à la Washington University School of Fine Arts de Saint-Louis. En 1950, elle obtient la bourse John T. Milliken qui lui permet de partir en Europe et à Paris où elle s’installe. Elle rejoint l’Atelier 17 dirigé par Stanley William Hayter.
Cette femme-artiste américaine est importante à redécouvrir. Elle a participé discrètement mais très activement, de 1952 jusqu’à sa mort en 1983, à cette effervescence créative de ceux que l’on appelle aujourd’hui les « peintres étrangers de la scène parisienne».
À Paris, la Galerie “Soleil dans la Tête”, la Galerie du Dragon et la Galerie Rive Gauche l’ont régulièrement exposée.
Ses œuvres figurent dans les collections de musées américains et européens : Saint-Louis Museum of Fine Arts, Stedelijk Museum d’Amsterdam, Silkeborg Museum (Danemark), Bibliothèque Nationale de France, …
Nous sommes très heureux et fiers de pouvoir présenter à Rouen 17 toiles d’une aussi exceptionnelle qualité ainsi que de nombreux dessins et gravures, l’ensemble illustrant son travail de 1957 à 1972.
Avr26
Nous exposons Ysbrant à partir du 28 avril.
Installé aujourd’hui à Anvers, Ysbrant (de son vrai nom Isbrant van Wijngaarden) est l’une des grandes figures de l’expressionnisme flamand et néerlandais. Celui qui fut l’élève d’Oskar Kokoschka s’est édifié un monde où ne cessent de s’affronter Eros et Thanatos. De plus en plus libre et grinçante, sa peinture est le reflet tumultueux d’une vie ardente et passionnée. René Réthoré l’accueille en ce moment sur les cimaises de sa galerie.
On peut être déconcerté face aux œuvres d’Ysbrant, tant elles mettent en péril les brise-lames de notre confort. Nous voilà face à une peinture qui, de surcroît, ne se laisse pas apprivoiser en une seule fois. Il faut s’y attarder, s’en détourner puis y revenir. Elle nous parle de la vie sans y mettre de faux-semblant. Joyeuse, tonitruante et criante de vérité, au point de déstabiliser les certitudes et les jugements trop policés. Elle met en scène l’artiste, la femme et l’amour, confrontés à la mort et au théâtre désopilant du monde. Ceux qui connaissent Ysbrant diraient peut-être qu’elle n’a pas d’autre objet que de tenir son propre désir en éveil. Peindre pour peindre, en quelque sorte, comme si l’acte était en lui-même un horizon et une jouissance sans cesse réactivée. Exit la retenue et les postures entretenues. Le geste se donne, léger, fugace et spontané. L’art d’Ysbrant n’est pas domesticable.
Au fil des années, l’artiste, amoureux passionné d’opéra (il a réalisé de nombreux décors et adore la musique), n’a cessé de faire évoluer son langage, de plus en plus radical autant que l’on peut en juger. Comme s’il n’avait plus guère de temps à perdre en fioritures et en détails. Il nous livre une vision fréquemment ironique du monde comme ce tout petit cerf perdu dans une Forêt où plus rien ne le dissimule à l’œil du prédateur humain ou ce qui n’est rien d’autre que la fin inéluctable de la vie. Pour Ysbrant, qui a inscrit la femme, l’amitié et la beauté au cœur même de sa vie, la truculence est un moyen de se maintenir en éveil. A travers ses narrations, ses « petites histoires » personnelles pleines de savoureuses anecdotes, il exprime à nos yeux toute son humanité : Last tram, l’Hiver, Inspiration, Chambre de fille, Environs d’Anvers, autant de pages emblématiques où l’on peut se plonger à l’envie.
Né à La Haye en 1937,Ysbrant a vécu et travaillé à Venise de 1970 à 2000. En parallèle à sa peinture, il a réalisé une importante œuvre graphique (sérigraphies, gravures, lithographies) et fut, en 1958, l’élève d’Oskar Kokoschka à Salzbourg (Schule des Sehens), après être passé par la Central School of Arts and Crafts de Londres (1955-1956) et l’Institut national supérieur de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers (1957-1958). Son œuvre monumentale a été exposée dans de nombreuses grandes villes d’Europe (Venise, Bologne, La Haye, Bruxelles, Amsterdam, Londres, Rouen…). Les premiers visiteurs Rouennais disent avoir été comblés par ses travaux. Le 29 avril dernier, Ysbrant fêtait à Rouen ses quatre-vingts printemps.
Luis Porquet
Galerie Duchoze, 46, Rue d’Amiens, 76000 ROUEN. Tél. 06.15.45.20.38.Du 28 avril au 3 juin. Un grand artiste à Rouen. A ne pas manquer.
Fév17